Même si je connaissais déjà bien Antigua après mon séjour du mois passé, j'étais ravie d'y retourner pour la fin de semaine avec David. La ville est fort jolie et agréable à découvrir, juste assez petite pour en faire le tour en quelques heures ou quelques jours, tout dépendant du nombre de cafés dans lesquels on s'arrête pour commander une boisson chaude et grignoter.
Mais la vraie raison qui m'a poussée à proposer ce petit détour à David, c'est que je n'avais pas eu l'occasion de faire la randonnée sur le volcan Acatenango lors de mon dernier passage et, même si j'en avais fait mon deuil, une petite partie de moi espérait encore avoir la chance de relever ce défi. Voyez-vous, c'est que TOUT LE MONDE que j'ai croisé qui a gravi Acatenango a été flabergasté. La randonnée la plus dure qu'ils aient fait, mais aussi celle qui en valait le plus la peine. Mais je vous épargne leurs histoires, puisqu'on a fini par y aller nous-mêmes et que je suis sur le point de vous raconter la nôtre. 8h00 On arrive à l'auberge de jeunesse qui organise le tour. Le petit déjeuner est inclus, alors on s'attable devant nos pancakes, fruits et café. Autour de nous, des jeunes sur un dur lendemain de veille, des lève-tôt et d'autres randonneurs qui vont se joindre à nous. Après avoir mangé, on fouille dans le bac de location de vêtements pour se trouver un manteau super chaud et des gants parce qu'il paraît qu'on se les gèle au sommet. 10h30 Après avoir fait un trajet de navette d'environ une heure et s'être fait remettre les sacs-repas, les sleeping bags et une partie des tentes pour le 1,5 jour d'aventure qui nous attend, on amorce enfin la montée. On commence doucement, à travers les champs de haricots, dans des sentiers battus et ouverts sur un large horizon de montagnes et d'autres volcans lointains. 11h00 On prend notre première pause, après 30 minutes qui drainent déjà du jus à cause de l'altitude et des sentiers de plus en plus abruptes. Le poids de nos sacs à dos commence déjà à se faire sentir, mais on savait qu'il n'y en n'aurait pas de facile. Nous continuerons ainsi, avec une pause toutes les demi-heures, à monter lentement-mais-sûrement le volcan qui changera de micro-climat 3 fois avant qu'on arrive enfin au sommet. 16h30 Les jambes en guenille, le cerveau en ébullition, on arrive au camp de base où nous passerons la nuit. Mais avant d'installer les tentes et d'allumer le feu, on se précipite tous au bout du terrain pour admirer Fuego, le volcan actif qui se trouve juste en face. Comme pour nous souhaiter la bienvenue, il nous lâche un "prout" de cendres qui nous fait tous crier de joie tellement le spectacle est inusité. 18h00 Le campement est monté, le feu brille bien fort et le souper réchauffe tranquillement. On a déjà mis tous les vêtements qu'on avait, parce que le soleil est sur le point de se coucher et la température a déjà beaucoup baissé. On jase de tout et de rien, on apprend à se connaître et on rit. Comment ne pas être heureux après une journée d'effort qui se poursuit par un tel spectacle? À gauche du volcan, le ciel est clair et dégagé. On peut encore voir les villages des environs qui semblent touts petits vus d'en haut. Au centre, Fuego dans toute sa splendeur qui continue d'exploser à intervalles plus ou moins réguliers. À droite, une toile abstraite de couleurs pastel qui change au fur et à mesure que le soleil descend vers l'horizon. Juste à côté, un mur de nuages cotonneux qui s'accumule jusqu'à ce qu'on ait l'impression qu'on peut les toucher. 20h00 On est tous crevés et on ne pense qu'à aller se coucher, mais on reste encore juste un peu pour admirer le spectacle incroyable qui s'offre à nous. On sait qu'on est chanceux : le spectacle qu'on a est bien particulier et peu de personnes pourront se vanter d'y avoir assisté. Le ciel de gauche est encore dégagé et on peut y voir les étoiles. Ça nous fait jaser de constellations et de grandeur d'univers. Au milieu, le volcan est toujours bien vivant et provoque de grands "Woooooow" à chaque fois que la lave (qu'on voit maintenant, puisqu'il fait noir) surgit de ses entrailles. On essaie tous de prendre au moins une bonne photo, tout en appréciant le spectacle avec nos yeux, sachant très bien que c'est une opportunité unique dans notre vie. Les nuages de droite ont continué de s'accumuler et tentent même de faire compétition aux explosions du volcan. Au loin, un gros orage illumine le ciel avec d'impressionnants éclairs qui zigzaguent à travers l'atmosphère chargé. On ne sait plus où donner de la tête, le spectacle est tellement magique de tous les côtés. 4h30 On est cordés bien serrés, à cinq dans la tente. La nuit a été froide et inconfortable, le sommeil a été léger et insuffisant, mais le moral est encore bon parce qu'on sait qu'une grande récompense nous attend. On remet nos manteaux et on reprend nos bâtons de marche pour une dernière heure d'ascension dans le sol irrégulier de cendres volcaniques, cette fois-ci jusqu'au sommet. 6h00 Derrière nous, il y a du frimas sur le sol. Mais ce paysage lunaire n'est pas celui qui nous intéresse. Devant nous, l'œuvre grandiose de Mère Nature capte toute notre attention. Le soleil se lève tranquillement sur un horizon orné de plusieurs volcans, de montagnes et de la mer au loin. Nous sommes à près de 4000 mètres d'altitude, le spectacle est incomparable. Fuego est toujours bien actif et sa sœur, le volcan Agua, fait la belle à contre-jour dans la lumière matinale. Mes doigts sont paralysés par le froid alors que je tente de capturer le meilleur cliché possible sur ma caméra et sur mon IPhone. On est plusieurs touristes à vouloir immortaliser le moment, mais on a tous fait la même randonnée, on a tous mérité notre selfie victorieux et on est solidaires dans cette aventure. 10h00 On est retournés au camp de base et on a déjeuné autour du feu. On a rangé les tentes et ré-enfilé nos sacs à dos, beaucoup plus légers puisqu'on a bu la majorité de nos 4 litres d'eau apportés. Encore fébriles et abasourdis de toutes les merveilles qu'on a vues depuis la veille, on redescend Acatenango au jogging. On est au sommet de notre forme, peut-être grâce à l'adrénaline et à l'énergie puisée par tant de beauté. Et pourtant, on sent l'acide lactique dans nos cuisses et nos mollets. On sait qu'on va souffrir dans les prochains jours. Mais ça en valait largement la peine. Nos attentes sont comblées. 14h00 On est de retour à Antigua. On profite du wifi dans un café pour prendre nos courriels. Mais on ne répond que brièvement à notre famille et nos amis...on est trop fatigués pour réfléchir. Le rush est terminé, la machine vient de tomber en veille, en mode "économie d'énergie". Les paupières lourdes, les cernes sous les yeux et les épaules en boule, David et moi nous regardons avec un léger sourire aux coins des lèvres, complètement vidés, mais aussi totalement satisfaits de notre randonnée. Il nous reste les courses du souper et un lavage à faire avant de faire la sieste, mais on devrait s'y rendre si on pense à la bouteille de rouge qui nous attend pour célébrer la domination de Acatenango, l'issue de nos retrouvailles amicales et, surtout, le retour au pays de David.
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Septembre 2020
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