Je suis revenue de voyage et je n'avais presque rien, pas même ma chambre d'enfance que mes artistes de parents avaient transformée en atelier de peinture aussitôt que j'étais partie. C'était en 2011, alors que je revenais de 9 mois en Europe. Tout ce que je possédais, c'était le contenu de mon sac à dos 60 litres et les quelques souvenirs que j'avais laissés dans une petite boîte à la maison.
J'avais probablement un peu angoissé à l'idée de devoir emménager dans un appartement avec un compte en banque presque aussi vide que la courte liste de mes possessions, mais c'était vite passé et j'avais inconsciemment débuté mon histoire d'amour avec le mode de vie minimaliste. Depuis, j'ai habité deux appartements dans lesquels je n'avais que l'espace nécessaire pour moi, mes colocataires/chum et les items qui ajoutaient une réelle valeur à notre quotidien. Et malgré un emploi qui me procurait un pouvoir d'achat intéressant, j'ai continué à refuser d'entrer dans le tourbillon de la consommation (sauf pour quelques écarts de conduite, je vous le concède). Mon temps des fêtes, mes anniversaires et mes déménagements se sont ainsi grandement simplifiés, tandis que mes économies se bonifiaient constamment. De retour au Québec pour l'été, ma mission était donc de continuer de surfer la vague minimaliste qui avait évidemment repris de la vigueur alors que je parcourais les Amériques avec seulement mon baluchon à bretelles. Toujours à la recherche de l'équilibre idéal dans cette philosophie de vie, j'ai continué d'explorer les différentes façons de réduire mes besoins tout en maximisant mes expériences et plaisirs quotidiens. C'est ainsi que j'en suis venue à me déplacer majoritairement en vélo plutôt qu'en bus ou en voiture et que j'ai refusé d'avoir le wifi dans l'appartement qu'on me prête pour quelques mois. Ça me paraissait tout qu'un défi, mais j'étais prête à le relever. C'est finalement beaucoup moins compliqué que je le pensais, et ça m'apporte aussi grandement plus que je ne l'aurais imaginé. En effet, en réduisant mes besoins au minimum, j'ai créé sans le savoir un cercle vertueux qui me permet de choisir l'intensité de l'effort que je dois mettre au travail selon mon horaire et mes envies. J'ai alors maximisé deux ressources trop souvent négligées : le temps et le facteur bonheur. Me rendre en ville en vélo est aussi rapide que de m'y rendre en autobus. Sauf que ça compte aussi comme mon exercice physique de la journée et ça me rend de bonne humeur parce que je profite du beau temps et que je me sens autonome et fière. Utiliser le wifi dans les endroits publics m'oblige à prioriser mes opérations en ligne et limite le temps que je perds sur les fils d'actualité des médias sociaux qui, avouons-le, ne sont pas souvent très pertinents. Et comme je n'ai plus cet échappatoire quand j'arrive chez moi, je me retrouve avec tout le temps et l'espace nécessaires pour entamer des projets créatifs et régler d'autres dossiers. De plus, quand je choisis de travailler, je suis vraiment heureuse et reconnaissante de le faire. Mais quel luxe de pouvoir déterminer mon horaire, quelle chance de pouvoir choisir les contrats sur lesquels je désire m'impliquer! Bien entendu, cette expérience fonctionne aussi bien parce qu'elle est à court terme. Ce n'est évidemment pas cet été que je vais accumuler des REER et c'est probablement la dernière fois que j'ai l'opportunité de vivre dans un logement pratiquement gratuitement. Je suis consciente que j'ai l'opportunité d'expérimenter tout ceci dans un contexte idéal. N'en reste pas moins que j'en suis fière et que j'en tire des leçons pour le futur. Ce mode de vie, c'est aussi un peu ma façon de rester en voyage même à la maison et de garder en vie mes grandes idées de nomade un peu hippie qui rêve d'un monde sain, durable et en paix.
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Septembre 2020
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