Le party battait son plein, mais moi j'avais décidé d'aller m'asseoir sur la plage pour écouter les vagues.
On ne se connaissait pas, mais t'es venu t'asseoir à côté de moi, juste comme ça, en me demandant gentiment la permission. Tu t'es mis à parler. T'étais pas triste ni révolté ou rien. Je pense que t'avais juste envie de jaser pour le fun. T'étais peut-être un peu saoul, mais c'est la vérité qui sortait de ta bouche, ta vérité. Ça fait que je t'ai écouté sans rien dire. Tu me parlais de la vie, de comment après des études "parce qu'y faut ben", tu t'es acheté une maison, question de pas payer un loyer de locataire dans le vide, t'sais. Tu m'as dis que les nouvelles te décourageaient pis que tu te sentais manipulé par les médias et les gouvernements, que t'avais l'impression de devoir suivre le troupeau de moutons pour pouvoir rester dans la game. Tu pensais que la vraie vie c'était comme ici, que c'était de regarder les étoiles pis d'écouter les vagues. Tu me confiais que t'aurais aimé ça jouer de la musique, que ça t'avais toujours fait tripper pis que tu te serais vu faire ça de ta vie. Mais c'est pas de même que ça marche, tu disais. Tu m'as avoué comment t'aurais aimé ça voyager, comme si tout était déjà fini, comme si y'était trop tard pour que tes rêves se réalisent, comme si tout était déjà dessiné pis que ton avenir était canné. Moi, j'disais rien, j'écoutais. Mais ce que j'entendais, c'était ton discours pas de dentelle, mais bien articulé, qui racontait la réalité dans laquelle bien d'autres comme toi se sentent pris. J'entendais quelqu'un qui avait laissé ses rêves de côté pour faire "c'qui faut", pour répondre aux attentes d'une société qui ne lui convient pas. J'disais rien, mais j'me suis mise à pleurer. Les larmes coulaient sur mes joues au fur et à mesure que tu me racontais tes dilemmes de la grande vie, tes problèmes poches d'adulte plate qui a tout laissé tombé. Mais t'as juste 22 ans. T'as la vingtaine à peine entamée pis t'es déjà blasé, t'as déjà tout plaqué pour fitter dans le seul moule qu'on t'a proposé. J'ai pleuré parce que c'est trop tôt pour faire le deuil de ton avenir où tout est possible, d'un monde où tu peux être vraiment heureux pis t'épanouir. J'avais juste le goût de te dire que t'étais pas obligé de suivre le troupeau, que t'avais du pouvoir sur ta vie pis que tu pouvais changer le monde si tu voulais... J'avais le goût de te prendre par les épaules pis de te dire de regarder au loin, genre vraiment loin devant pis de foncer, de juste viser droit devant pis d'y aller... J'avais le goût de te parler dans le blanc des yeux vraiment intensément, comme pour les ouvrir, tes yeux... Mais j'ai juste écouté sans rien dire, tant que t'avais besoin de me jaser...pis j'ai laissé mes larmes couler.
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Septembre 2020
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