Faire du pouce est un réel jeu de patience. Le matin, nous nous levons tôt, nous attrapons quelque chose à grignoter puis nous allons nous installer sur le bord de la route, à un endroit stratégiquement sélectionné. Pancarte en main, pouce levé, nous nous faisons un devoir de sourire à pleines dents à tous ceux qui passent. Puis, le temps de se mettre dans le mood et déjà, on se met à se dandiner et à faire des simagrées pour faire rire les gens et espérer avoir l'air assez sympathique pour que quelqu'un s'arrête enfin.
Mais les voitures passent et ne s'arrêtent pas. Certains nous saluent, d'autres nous font signe qu'ils sont déjà pleins ou qu'ils vont dans la mauvaise direction et les autres nous ignorent carrément. Et finalement, après un certain moment, une voiture s'arrête et on est quasiment surpris d'avoir réussi. On vérifie rapidement qu'on va dans la bonne direction, on balance les sacs là où il y a de la place et, hop, on embarque dans l'auto. Entre les remerciements et les formules de présentation, on commence à faire connaissance et la discussion s'amorce. Nous, on joue toujours la même cassette - on vient de Québec, on fait le tour du monde, tralala - mais ce qui est vraiment intéressant, ce sont les autres. Vous savez, même les gens les plus plates peuvent vous apprendre quelque chose! Chacun a sa personnalité, ses croyances, son style et c'est toujours amusant d'en être témoin pour un moment. Lorsqu'on est finalement arrivés à destination - celle du chauffeur, puisque la nôtre est toujours plus loin - on débarque, on se serre la pince et on recommence. L'attente est parfois longue et pénible. Pour sortir de Toronto, nous avons dû poireauter deux heures sous le soleil plombant. Personne ne semblait vouloir s'arrêter pour deux pauvres petits pouceux qui cuisaient sur le bord de la route. Quand les conditions sont moches et que le temps s'allonge, il faut garder le moral et continuer à rire. Dans ces moments-là, on fait signe aux camionneurs de klaxonner et ça nous rend toujours heureux quand ils le font. Bien sûr, en tant que pouceux novices, on a fait des erreurs. Comme la fois où on est embarqués avec une dame qui nous a laissé dans un trou perdu, directement sur le bord de l'autoroute. On s'était dit que ça nous avancerait toujours bien un peu plus, mais en fait ça nous a seulement terriblement retardé et découragé, puisque l'emplacement n'était pas du tout approprié pour se faire embarquer de nouveau. Mais tout de même, un vieux bonhomme a bien fini par nous prendre pour nous amener à la prochaine ville décente qu'il y avait...Ouf! Les Tims Hortons sont rapidement devenus source de sécurité et d'espoir pour nous. Nous y sommes à l'abri de la pluie et du froid (ou du chaud), on peut manger, boire, aller aux toilettes et il y a du wifi pour se mettre à jour. De plus, beaucoup de gens s'arrêtent avant de repartir, parfois dans la même direction que nous. Nos gros sacs à dos et nos pancartes en intriguent plus d'un et on se retrouve souvent à jaser avec des curieux qui veulent en savoir plus sur notre aventure. Parfois, on se fait offrir un lift directement dans la bâtisse, mais le plus souvent le coin de rue voisin est une option gagnante. Après notre fin de semaine à Montréal, nos 3 jours à Toronto et notre journée de pouce et camping sauvage d'hier, nous suivons notre route, actuellement quelque part entre Sudbury et Thunder Bay. La tente est mouillée, on n'est pas douchés et il pleut, mais on reste de bonne humeur et on se réconforte au son des klaxons des camions.
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Septembre 2020
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