En arrivant à San Cristobal de las Casas, j'ai ressenti le besoin de m'isoler. Les derniers jours avaient été éprouvants et, après avoir été accompagnée de ma tante et mon oncle, j'avais besoin de temps pour faire la transition vers un mode de voyage en solitaire. Je me suis donc entourée d'une espèce de bulle bien à moi, un espace-temps en parallèle avec la vie qui se passait tout autour.
Plutôt que de faire mille et une activités avec la gang de l'auberge, j'ai préféré errer dans mon cocon imaginaire à travers les rues de San Cristobal. Lentement, sans itinéraire précis, selon l'inspiration du moment, j'ai arpenté chaque recoin de la ville en m'arrêtant parfois pour un chocolat chaud ou juste pour écrire dans un endroit qui m'interpellait. Je me suis également laissée tenter par un sentier qui promettait une vue panoramique de la région, mais même si je n'ai pas trouvé le-dit belvédère, j'ai apprécié la promenade en forêt et j'ai obtenu la satisfaction de l'effort physique que ça m'avait demandé. Cette étape de transition s'est avérée être un drôle de mélange de ressentis par rapport au voyage. Tout d'abord, même s'il me reste encore beaucoup à voir du Mexique, je me sentais plus que prête à le quitter. Après 3 mois dans ce pays, j'avais envie de passer à autre chose et c'était le moment. Je n'avais donc pas le moindre remord à m'isoler et "manquer" les attractions du coin...la lassitude l'avait emporté sur la curiosité et j'ai préféré rester à l'écoute de mes besoins plutôt que de pousser la note. Me sont ensuite venues des vagues de hauts et de bas de confiance en moi. Dans les hauts, j'avais le cœur léger, le sourire paisible et l'impression de grandeur et de liberté devant moi. Le monde m'était accessible et j'allais le conquérir. Dans les bas, je me trouvais insignifiante et plate, d'un ennui mortel pour les gens qui essayaient de connecter avec moi. Je n'étais qu'une âme froide inintéressante et je n'avais rien à offrir à l'Univers. Entre ces vagues contradictoires, je restais un peu confuse, neutre, comme si je ne savais plus quoi croire et de quel côté mettre mon énergie et mes espoirs. C'est donc avec un certain soulagement que j'ai pris la navette vers le Guatemala, après 3 jours d'errance (dans la ville, dans ma tête et dans mon cœur), comme si le fait de changer de pays allait régler toutes mes incertitudes et marquer le début d'un nouveau chapitre. Je n'allais pas être déçue par ce changement d'environnement. Bien qu'il n'ait pas effacé tous mes doutes et remises en question - fallait être réaliste, quand même - j'ai trouvé une grande source d'apaisement au bord du lac Atitlan. Depuis ma naissance, mes parents possèdent un chalet sur le bord d'un lac. Tous les étés de ma vie ont été marqués par la baignade, les marches en forêt et l'observation des étoiles autour du feu. Ce sont pour moi des souvenirs marquants qui ont forgé mes intérêts et qui ont maintenant une grande place dans ma mémoire sentimentale. Pour vous dire, j'ai pleuré quand j'ai quitté le lac, l'été dernier, quelques jours avant de commencer le voyage. Je savais que ça allait me manquer et ça réveillait en moi une grande nostalgie alors que je n'étais même pas encore partie. Tout ça pour vous dire que me retrouver au bord d'un lac aussi beau que le lac Atitlan (le plus beau au monde, paraît-il) m'a fait le plus grand bien. Entre les randonnées en montagne (en volcan, devrais-je plutôt dire), les séances de contemplation et les baignades en eau douce, j'ai tranquillement su retrouver l'énergie et le désir de peu à peu m'ouvrir aux autres. Ça s'est fait de différentes façons - planifier des activités avec une fille rencontrée en chemin, discuter des heures durant avec mon guide de montagne, aller boire un verre avec mes colocataires de chambre et me baigner tout l'après-midi avec un garçon de 6 ans - et, puisque je me garde également des moments de recueillement, j'y trouve un équilibre dans lequel je suis confortable. C'est un nouveau départ qui se fait lentement, mais que je compte bien faire de la bonne façon.
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Septembre 2020
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