Parfois, je me demande quelle est la signification de ce voyage, pourquoi je fais tout ça. Et pourquoi je le partage sur une plateforme publique, aussi.
Est-ce un pur trip égoïste pour combler mes désirs capricieux et satisfaire ma petite curiosité insignifiante? Est-ce un désir de me démarquer et de démontrer mes "trophées" de voyage? Un baume sur mon ego en cette ère de selfies et de réseaux sociaux? Quel est mon impact dans ce monde? Alors que la majorité des gens sont d'exemplaires contribuables, faisant rouler l'économie et prenant part aux activités normales que notre société encourage, moi, qui ai cessé de travailler et qui suis sortie du moule, quelle est ma contribution citoyenne? Ne suis-je qu'une jeune femme privilégiée qui se permet le luxe de voyager et qui s'en vante à qui mieux mieux? Alors que je découvre de plus en plus de cultures différentes de la nôtre, alors que je m'expose chaque jour un peu plus à la pauvreté et au mode de vie minimaliste, voir simpliste de ces autres peuples...Qui suis-je, moi? Et quelle est ma position, mon rôle par rapport à ces réalités? Comment mon parcours peut-il faire du sens à travers la misère du monde? Je m'entends penser (parce que je me retiens de parler dans ces cas-là) que je vis avec un budget minimal pour dormir, manger, me déplacer et parfois me gâter, alors que les gens qui me reçoivent ont moins que moi pour faire vivre leur famille entière, l'éduquer (s'ils le peuvent) et payer le coût de la vie. Comment puis-je ne pas me sentir complètement naïve et insensée face à ce contraste? J'ai le monde devant moi, et quand je parle de mon parcours à ces gens, je rougis d'humilité en réalisant qu'eux n'ont pas vu ni connu plus loin que le village voisin. La démesure me frappe en pleine face et je me sens alors à la fois impertinente et insolente. Je suis tellement privilégiée. Tellement chanceuse d'avoir pu toujours manger à ma faim (et souvent au-delà), d'avoir eu droit à une enfance où l'on joue et non pas où l'on doit travailler pour survivre. Tellement reconnaissante d'avoir eu droit à l'éducation et à la santé, d'avoir eu une famille aimante avec laquelle on a su grandir et communiquer adéquatement. Juste tellement heureuse d'avoir pu évoluer dans un environnement sain et enrichissant. Et me voilà, insignifiante voyageuse, hébergée dans une famille guatémaltèque moyenne, à utiliser leurs ressources pour mon propre et simple plaisir du voyage. J'aurais envie de tout leur donner, de changer leur univers. Mais il y a eux, et puis il y a tous les autres, et pire encore. Dans cette réalité, comment puis-je donner un sens à ce parcours qui relève d'un grand luxe et que je prends souvent pour acquis?
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Septembre 2020
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