"T'es pas fatiguée de voyager, après si longtemps?", me demande un gars de l'auberge?
J'ai envie de répondre que oui, je suis épuisée et vidée, que rien ne me tente ces temps-ci et que j'aimerais parfois me rouler en boule dans une bulle imaginaire qui m'isolerait du monde, de toute confrontation, devoir ou décision. J'ai envie de répondre que ce voyage me pèse parfois, que le changement constant me fatigue, que je suis tannée de toujours recommencer avec chaque nouvelle ville, chaque nouvelle rencontre. J'ai envie de répondre qu'en ce moment, je me demande ce que je fais ici, à faire du bénévolat plus ou moins stimulant avec des gens avec qui ça ne clique pas plus qu'il faut, dans une ville décevante et un climat désagréablement chaud. J'ai envie de répondre que je n'ai même plus la force de chercher mieux, de faire des efforts pour que tout soit éclatant et flamboyant, que je me contente de me contenter parce que c'est plus simple pour l'instant. J'ai envie de répondre que mon lit, ma routine, et mon entourage me manquent, que je rêve souvent d'un printemps frais avec des petites fleurs cutes qui mettent de la couleur et de la joie dans les journées maintenant un peu plus longues d'après-hiver. J'ai envie de répondre que mon corps n'arrive pas toujours à suivre la cadence, que je lui fais la vie dure, avec le stress, les infections, les hormones, les parasites, la fatigue et autres bobos qui sont une source constante de préoccupations. J'ai envie de répondre que je ne m'émerveille même plus à la visite d'une cathédrale, pour l'ascension d'un volcan ou une baignade dans une chute, que ça me laisse maintenant indifférente et que ce n'est pas normal - où est passé mon coeur d'enfant? J'ai envie de répondre que j'en ai marre d'être dans un environnement sale et compliqué, que je n'ai plus la patience et l'ouverture d'esprit pour fonctionner dans ces sociétés pauvres et désorganisées. Mais je ne réponds pas tout de suite. Je réfléchis quelques secondes. Je lui dis finalement, sincèrement, que la lassitude et la fatigue me viennent par vagues. Qu'il y a des hauts et des bas. Qu'en ce moment, je suis définitivement dans un bas. Mais que je continue parce que je sais que la prochaine vague s'en vient, parce que je sais qu'à part le temps, rien ne pourra soulager mon "down". Non, pas même de rentrer à la maison. Surtout pas de rentrer à la maison, en fait...même si j'y pense souvent ces temps-ci. Je sais que ça n'apaisera pas mes maux, que le confort que je m'imagine y trouver n'est qu'illusoire et que je ne suis pas prête à revenir. J'ai encore du chemin à faire, encore des changements à vivre. Une nouvelle vague arrivera, j'ai confiance!
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Septembre 2020
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