Je suis assise confortablement sur l'une des roches de la plage. Le sable chaud glisse entre mes orteils.
Je prends lentement connaissance de ce qui m'entoure. Devant moi, j'ai toute l'étendue de l'océan et du ciel. Bien que ce soit le matin, l'atmosphère est tamisée par l'humidité de bord de mer. L'air est salé. Le dos droit, les épaules détendue, mon regard se pose paisiblement vers l'horizon. Au loin, j'aperçois une discrète onde sur l'eau, qui, tranquillement, s'approche. Mon attention se dirige vers cette vague. Je la vois grandir et devenir de plus en plus puissante. Elle prend de l'expansion jusqu'à ce qu'elle ait atteint son plein potentiel puis, finalement, se brise en un remous qui monte doucement sur la plage. L'eau glisse et s'infiltre autour de chacune des roches, comme si la mer caressait tendrement la grève puis, le temps semble se suspendre pour une seconde, avant que la vague se retire finalement. Lorsqu'elle retourne vers le large, elle emporte avec elle quelques galets qui roulent et qui s'entrechoquent entre eux. Ça fait un joli son, c'est apaisant. Les vagues se succèdent, créant un va-et-vient sonore constant. La lenteur et la répétition du bruissement marin me calment. Je sens que ma respiration ralentit, comme pour accompagner le rythme de l'océan. Mes inspirations sont de plus en plus lentes, de plus en plus profondes. Et comme pour la vague, il y a un silence, une subtile pause, avant que je laisse mon souffle s'échapper. Mes expirations semblent plus conscientes, elles aussi, lentes et profondes, faisant écho à mes inspirations. Un grand bien-être m'envahit. Je me sens bien. Tellement bien qu'un léger sourire se dessine au coin de mes lèvres. Je reste immobile, mais tout mon corps est détendu. Une très légère brise se prend dans mes vêtements, c'est confortable, c'est agréable. Je ferme les yeux. Je ne pense à rien, je m'imprègne du son de la mer. À chaque nouvelle vague, j'inspire. À chaque roulement de galets, j'expire. J'inspire. J'expire. Le temps semble ralentir. Libre de toute pensée, je me sens devenir légère. Bientôt, j'oublie même la roche sur laquelle je suis assise, j'ai l'impression de flotter. Il n'y a plus clarté ni noirceur, juste un espace infini duquel émane une douce lueur de fond. Je suis, simplement. Il ne reste que le son de la mer et la douce brise qui m'enveloppe. J'entends une vague, je la sens. Elle part de mon ventre et monte jusqu'à mes épaules. Le vent léger caresse mes narines puis, plus rien pour un instant. Un silence, le temps se suspend. Je suis en paix. Lentement, en un léger filet d'air qui caresse ma gorge, la vague s'en retourne au large, me laissant encore une fois un peu plus légère. Je suis la vague. Je suis la brise. (...) Une chaleur diffuse m'envahit tranquillement. Elle réchauffe doucement mon dos, mon ventre et s'en va graduellement vers mes cuisses et mes jambes, jusqu'à mes orteils. Elle se dirige vers mes épaules et descend vers mes bras, lentement, jusqu'à mes doigts. Je la sens monter derrière ma nuque, sur mon cuir chevelu et finalement attiser mes joues. De l'autre côté de mes paupières, je sens qu'il y a de la lumière. La légère brise fait toujours danser mes vêtements qui chatouillent ma peau. Le sable entre mes orteils me rappelle que je suis sur la plage. Le soleil brille de plus en plus fort, je pense que c'est lui qui me réchauffe. Délicatement, j'ouvre les yeux. Je regarde la mer à nouveau et je lui souris. Ses vagues font le même son que ma respiration. Je sais qu'on se comprend, nous n'étions qu'une, pour un instant.
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Septembre 2020
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