Il vient me visiter, parfois : le syndrome de l'imposteur. Celui qui te fait croire que les autres font mieux les choses que toi.
Il me dit que je passe à côté de mille et une attractions supposément immanquables et il me rappelle que d'autres voyageurs ont eu le trip de leur vie dans telle ou telle région que je n'ai pas incluse dans mon itinéraire. Il me fait sentir coupable de ne pas avoir pris plus de photos (avec le bon appareil, surtout) et me dit, qu'en fait, je ne connais rien du pays puisque je ne l'ai parcouru qu'à moitié. J'ai même droit à un regard de travers quand je décide de rester à l'auberge toute la journée plutôt que d'aller explorer. Il me dit de regarder cette autre personne qui a parcouru le continent entier, de l'Argentine à l'Alaska. Ou celui qui est sur la trotte depuis 8 ans et que rien ne semble pouvoir arrêter. Ils doivent avoir tout vu, eux. Ce sont des vrais, eux. Regarde, lui, il ne voyage qu'avec un petit sac à dos! Peut-être que j'ai trop de choses avec moi, je pourrais faire un effort, quand même! Et Vicki, qui voyage avec son bébé et qui prend le temps de s'imprégner de chaque endroit où elle va. Je devrais voyager lentement comme elle. Et l'autre, sur sa moto, qui peut aller d'une place à l'autre comme bon lui semble. Je devrais voyager rapidement comme lui. Leur trip doit être mieux, c'est sûr! Et c'est là que je lui ferme la porte au nez, au syndrome de l'imposteur. Il ne fait pas de sens, de toute manière. Rien n'est jamais assez et tout est toujours trop. Avec lui, mes chances de succès sont nulles. Mais qui j'essaie d'impressionner, au juste? C'est quoi cette pression que je me mets sur les épaules? Elles sont où, les règles du voyage parfait? Et parfait selon qui, de toute manière? Bah voilà, c'est ridicule. Ça fait qu'après avoir claqué la porte (j'essaie de ne jamais le laisser entrer), je prends le temps de regarder autour de moi. Et, à tous les coups, je réalise que je suis là où je dois être. Tout fait du sens, tout est à sa place. Mes aventures de bateau, mon opinion sur ce qui est juste ou pas, mes péripéties sur le pouce et mes réflexions sur le monde ne valent pas moins (ou plus) que celles des autres. Et de toute façon, les histoires des autres ne font pas nécessairement de sens pour moi, comme les miennes n'en font peut-être pas pour eux. Je suis ici, maintenant, suite aux expériences que j'ai vécues, de par les décisions que j'ai prises et parce que j'ai eu confiance en mes intuitions. Tout ça, c'est un bagage unique : c'est le mien.
1 Commentaire
Jules
26/4/2017 18:43:18
Ouais! Très juste!
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