Pendant près d’un mois, j’ai vécu dans un temple bouddhiste à méditer, assise ou en marchant, du matin jusqu’au soir. J’ai écouté un moine me donner de sages et mystérieux conseils presque à tous les jours, me laissant parfois dans une confusion profonde et sombre, mais aussi parfois dans un état lucide et limpide. Je me suis prosternée devant Buddha et j’ai pieusement assisté à des cérémonies de chants religieux parce que ça me faisait sincèrement du bien, parce que ça venait de moi, ça venait d’en dedans. J’ai pleuré, sangloté même, en passant le balai dans le jardin, mais aussi à plusieurs autres reprises. J’ai ri, je me suis esclaffée même, en regardant l’horizon le regard vide, mais aussi à plusieurs autres reprises. J’ai trop dormi, pas assez dormi, mais aussi juste assez dormi, même si c’était vraiment moins que d’habitude. J’ai rêvé. J’ai rêvé dans un autre rêve. J’ai perdu le sens de ce qui différencie le rêve de la réalité. J’ai flotté, je suis tombée. J’ai vibré, j’ai figé. J’ai senti des vagues d’énergie intense, je n’ai rien senti du tout. Je n’ai pas parlé, je me suis isolée. J’ai parlé, je me suis ouverte. J’ai douté. Oh, comme j’ai douté. J’ai cherché. Oh, comme j’ai cherché. Je ne me suis pas sentie mieux quand j’ai trouvé. J’ai seulement cherché plus. J’ai arrêté de chercher. Je me suis sentie mieux. J’ai brillé. Et douté encore un peu. J’ai mystiquement connecté avec ma famille. J’ai développé de la complicité avec des statues en béton. J’ai porté en moi la lumière du soleil. Je me suis trouvée ridicule. Je me suis vue puissante et forte. Je me suis sentie insignifiante. Je me suis reconnue imparfaite. J’ai marché. Lentement. Mais vite aussi parfois. Trop vite pour que ça serve à quoi que ce soit, considérant que je n’allais nulle part. Je me suis endormie en marchant. Je me suis endormie assise. J’ai fait 3 pas et un quart de tour en 20 minutes. J’ai pensé, pensé, pensé à arrêter de penser. J’ai chialé à l’idée de devoir faire encore un seul pas. Je me suis sentie tellement bien, légère et lumineuse. J’ai procrastiné, reporté et évité des méditations. J’ai médité sans le savoir. J’ai médité en pleine conscience. J’ai respiré. J’ai passé des moments présents à contempler les images de mon passé et les idées de mon futur. J’ai pratiqué la pleine conscience, recroquevillée en fœtus dans mon lit inondé de larmes. Mais aussi à des moments plus glorieux. Et aussi parfois pas du tout - fuck it, je déconnecte. J’ai touché des points avec mon mental. J’ai vu la vie telle qu’elle était. J’ai remis en question ce qu’est la vie. J’ai vu, j’ai senti, j’ai perçu. J’ai cessé de voir, cessé de sentir, cessé de percevoir. C’était tellement beau. J’ai eu des intuitions, j’ai su. Puis, plus vraiment. J’ai compris que ça allait toujours être comme ça. Ça m’a libéré. J’ai observé toutes sortes de choses arriver, passer et s’en aller. Puis, finalement, c’est le temps qui avait passé et c’était déjà la fin de notre retraite. Je suis revenue dans le monde extérieur. À l’extérieur du temple, à l’extérieur de moi. Quelle différence, au final? J’ai continué d’observer. Mais j’observais que ça changeait, que c’était arrivé, que ça passait et que ça s’en allait aussi. Il y avait au moins ça de constant. L’impermanence. C’était la meilleure pire expérience de ma vie. Pis je vais y retourner et recommencer. Photo prise par les moines de Wat Ram Poeng (Tapotaram), à Chiang Mai, Thaïlande
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Mai 2018
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