Ça m’a pris du temps avant d’aimer Rishikesh. Malgré les montagnes et le Ganges encore pur qui traverse la ville, malgré les ponts qui s’illuminent la nuit et les chants qui résonnent à longueur de journée. Et malgré le fait qu’on l’appelle la capitale du yoga, je n’ai pas connecté immédiatement avec la ville.
En fait, peut-être que c’est justement l’une des raisons pour lesquelles j’étais dubitative : le yoga. Je venais y suivre un YTT (Yoga Teacher Training), mais il y avait quelque chose en moi qui faisait « mgneh ». J’avais peur que ça soit overrated et que l’Inde avec laquelle j’étais tombée en amour soit contaminée par une gang de Westerners habillés en Lululemon qui parlent de chakras et d’aura, qui comparent leur handstands et qui ne mangent pas de gluten. Je n’avais pas tout à fait tord, mais ma propre arrogance me fait rire quand je pense que je fais aussi partie du lot...! Faut croire que j’avais secrètement envie d’être unique et spéciale dans mon trip d’égo. Bien sûr, que la ville tourne autour du tourisme et du yoga, que les locaux ne remarquent plus les épaules dénudées des touristes yogis insouciantes et que les bateaux de rafting qui défilent tour à tour sur le fleuve ne font pas très typiques du pays. Mais l’expérience que j’avais à vivre à Rishikesh, c’était ça. Pas l’Inde culturelle et authentique, mais plutôt l’exploration du yoga dans un drôle de mélange de modernisme et de tradition. Et dans la continuité de mon chemin spirituel après Vipassana, ça a finalement fait du sens. À travers les cours de philosophie yogiques et les notions d’Ayurveda, mon enthousiasme pour les conceptions orientales du monde ne s’est qu’enrichit. À travers ma nouvelle famille de profs de yoga, j’ai continué d’apprendre et de cheminer via les disciplines ancestrales qu’on était venus étudier, mais j’ai aussi fait face aux aléas de nos sociétés modernes et aux contrastes créés par nos racines occidentales. Un petit choc culturel qui demande à se positionner et qui remet les choses en place. Bref, quand j’ai su laisser tomber mes attentes et mes jugements, quand j’ai finalement lâché prise et que j’ai suivi le courant de ce que cet environnement avait à m’offrir, j’ai découvert les véritables trésors qui m’attendaient. À part mon diplôme de 200hrs YTT, j’ai ramassé au passage de nouvelles amitiés significatives, des apprentissages importants et un tas de nouveaux souvenirs accumulés au fond de ma boîte crânienne et de mon cœur. Et c’est en regardant les couchers de soleil tous les soirs, en admirant les montagnes environnantes et en dansant librement sur le toit de l’école que je me disais « Hey, je suis en Inde. » et que, soudainement, l’idée de rentrer à Québec en juin a cessé de m’inspirer. Mais ça, c’est une autre histoire.
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Mai 2018
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