Dès la première nuit à Lima où nous avons dormi au coeur d'un bidonville, dans un centre communautaire, le contact avec les gens a été marquant. Je me souviens avoir été choquée lorsqu'un groupe de jeunes qui jouaient au volleyball nous criaient des insultes et nous traitaient de gringos alors que nous étions venus pour aider et donner à la communauté. Un bizarre mélange de colère et de tristesse m'avait alors envahi, trahissant une certaine naïveté malgré mes bonnes intentions. Mais je me rappelle également avoir partagé un grand repas avec des locaux et avoir joué avec les enfants dans les rues tout en riant, apaisant ainsi mes craintes par rapport aux gens du coin et à la façon dont nous étions perçus.
J'ai alors compris la chance que nous avions d'être intégrés dans cet univers si différent du nôtre. La semaine qui a suivie s'est révélée être une enfilade d'émotions fortes, de partage et d'amour. Nous étions hébergés en groupes de 4 dans des familles péruviennes de petits villages et nous prenions part à leur routine autant que ça nous était possible. Entre la cueillette de café, les repas pris au milieu de dizaines de cochons dingues et les soirées à écouter des romans savons péruviens, nous allions rejoindre les autres dans des villages voisins et faire des randonnées en montagne. En quelques jours seulement, nous avons développé un fort sentiment d'appartenance, et ce malgré la difficulté à se comprendre et le large fossé culturel qui nous séparait. J'ai alors compris qu'il existait un langage universel qui nous permettait de connecter avec les autres, peu importe leur origine. Pour notre dernière semaine au Pérou, nous avons quitté nos familles et nous sommes redevenus de simples touristes. Forts de notre expérience locale, mais surtout communautaire, nous avons poursuivis notre chemin en tant que groupe un peu plus uni et un peu plus avisé des enjeux du pays. Parce que nous avions vécu le vrai Pérou, d'une certaine façon, nous avons pu profiter de ses beautés en y posant un regard un peu différent. J'ai alors compris qu'on n'avait jamais vraiment visité une place tant qu'on ne s'y était pas un peu impliqué, tant qu'on n'y avait pas donné un peu de soi, nous aussi.
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